CHEONGGYECHEON

Qualité de l’espace public

 

Cheonggyecheon offre une expérience urbaine complètement nouvelle et une perception de la ville différente puisque la rivière et ses sentiers de promenade sont situés à 24 pieds au-dessous du niveau de la rue. L’encadrement qui en découle permet un sentiment de refuge tranquille le long de ce corridor écologique, en plus d’accentuer la clarté de l’espace dont les limites sont claires. C’est une promenade longitudinale dans laquelle la relation avec l’eau et le ciel est unique. La largeur du cours d’eau varie considérablement le long de son flux, alors que la hauteur des parois qui le bordent demeure relativement élevée et constante. Le projet a été conçu pour agir comme une tranchée de rétention en vue de réduire les inondations, dont la capacité de débit d’eau a été calculée, permettant ainsi d’accueillir les pluies intenses qui ont lieu à une fréquence de 200 ans.

 

Puisque la largeur du cours d’eau varie de 6 à 72 m, il en résulte un espace public à l’encadrement plus ou moins lâche ou resserré. Les endroits plus relâchés sont généralement les lieux d’accueil pour les touristes, les festivals et les évènements, et la bande de pertinence de la rivière à ces endroits est généralement commerciale ou mixte. Les sections plus serrées du cours d’eau ont souvent une bande de pertinence plutôt monofonctionnelle résidentielle et l’espace public des berges du Cheonggyecheon est habité par les occupants des quartiers avoisinants.

 

Il n’existe que quelques rares exemples d’espaces publics réussis qui sont sous le niveau de la ville. Le Wacker Drive de Chicago, conçu en 1926 par Burnham et Bennett, est un autre bon exemple de parcours linéaire sur les berges d’une rivière qui établit un système de paliers multiples dans le but d’organiser différents usages et différentes fonctions dans un centre-ville dynamique. Cette idée de la promenade piétonne sur un autre niveau existait d’ailleurs aussi chez les modernistes, comme le projet non réalisé du Corbusier pour Rio de Janerio. Ce projet et d’autres sont des illustrations de visions utopistes qui anticipaient une densité suffisante pour supporter une demande sur plusieurs niveaux. Les modernistes imaginaient habituellement une promenade au-dessus du niveau de la ville, et non en dessous.

 

Le mobilier urbain et les dispositifs d’éclairage le long du cours d’eau sont discrets et flexibles. Des pierres simplement déposées permettent tantôt des espaces de repos, tantôt de traverser la rivière. Les marches servent, dans presque tout le projet, tour à tour de descente vers le cours d’eau et de banc. Cette flexibilité permet au mobilier de s’adapter selon les usages, et permet également l’appropriation des usagers en offrant un choix multiple de positions et de possibilités.

 

Le parcours est animé par le mouvement et le son de l’eau. Le Cheonggyecheon crée un espace tranquille où l’ambiance acoustique de l’écoulement de l’eau masque les bruits du foisonnement de la ville dense et intense juste à côté. Au-delà de l’ambiance sonore, l’accès à l’eau et l’augmentation considérable de végétation au centre de la ville ont permis de créer un microclimat rafraîchissant. La température contraste avec celle des routes voisines en chutant de huit degrés Celsius à proximité de l’eau lors de chaude journée d’été. Aidant également à diminuer l’îlot de chaleur urbain, cette ouverture au cœur de la ville permet au vent de circuler le long de corridor, améliorant ainsi le confort de cet espace. Cette richesse sonore, microclimatique et la variété de choix de places disponibles pour s’installer contribuent à balancer l’absence de personnalisation possible, puisqu’il s’agit d’un lieu de passage et non d’occupation.

 

L’augmentation d’espaces verts dans le Central District, entre 2000 et 2009, grâce, entre autres, à la revitalisation du Cheonggyecheon et à l’amélioration de la circulation de l’air a permis en outre d’améliorer la qualité de l’air aux abords du projet. Plus spécifiquement, aux abords du projet, le dioxyde d’azote et les fines particules dans l’air, provoquant des maladies respiratoires, ont respectivement été diminués de 10 % et de 16 %.